Sur le marché britannique, de nombreux modèles automobiles identiques à ceux commercialisés en Europe continentale portent un nom différent. C’est notamment le cas d’Opel, qui devient Vauxhall au Royaume-Uni. Bien que les véhicules soient techniquement et esthétiquement identiques, ils sont commercialisés sous des marques distinctes selon les régions.
Cette distinction, loin d’être anecdotique, s’inscrit dans une histoire industrielle complexe mêlant héritages nationaux, stratégies marketing spécifiques et logiques géopolitiques. Opel et Vauxhall désignent ainsi les mêmes véhicules, produits sur des plateformes communes, mais adaptés à des marchés aux identités fortes. Cette cohabitation commerciale entre deux marques jumelles perdure depuis plus d’un siècle.
Une histoire de marques parallèles
Les débuts d’Opel : une marque allemande au sang chaud
Opel est née en 1862 à Rüsselsheim, en Allemagne, sous la houlette d’Adam Opel. À ses débuts, l’entreprise fabrique… des machines à coudre, puis des vélos. Il faudra attendre 1899 pour qu’Opel se lance dans l’automobile. Au fil des décennies, la marque devient un pilier de l’industrie allemande, connue pour ses véhicules robustes, populaires et fiables.
Dans les années 1920, Opel passe sous le giron de General Motors (GM), le géant américain de l’automobile. Cette fusion va donner à Opel une dimension internationale, avec des modèles diffusés à travers l’Europe, souvent sous des noms différents selon les marchés.
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Vauxhall : l’alter ego britannique
Vauxhall, de son côté, est une entreprise fondée à Londres en 1857. Elle produit d’abord des moteurs marins, avant de se lancer dans l’automobile en 1903. Son nom vient du quartier londonien éponyme, et son logo représente un griffon ; créature mythologique qui fait office d’héritage héraldique.
En 1925, General Motors rachète Vauxhall, tout comme Opel quelques années plus tard. GM possède alors deux marques européennes : une allemande, l’autre britannique, et va les faire converger au fil du temps.
L’union technique, la séparation culturelle
Deux noms pour une même voiture
Dès les années 1980, les modèles Opel et Vauxhall deviennent virtuellement identiques. La Kadett devient l’Astra, la Rekord devient l’Omega, et la Corsa fait son apparition simultanément des deux côtés de la Manche. Mais, sur le capot, le badge change : Opel pour le continent, Vauxhall pour les îles britanniques.
Pourquoi maintenir deux marques alors que les voitures sont identiques ? Pour des raisons d’image de marque, de fierté nationale et de fidélité client. En Grande-Bretagne, Vauxhall était une marque déjà bien ancrée dans le paysage depuis le début du XXe siècle. La remplacer par une Opel aurait pu créer de la confusion, voire un rejet. En Allemagne, l’inverse aurait été tout aussi impopulaire.
Et puis, il faut se souvenir du contexte géopolitique : dans l’après-guerre, la sensibilité à l’origine nationale des produits restait forte. Vauxhall permettait de vendre des voitures “locales" à un public britannique qui n’était pas forcément prêt à rouler en voiture “allemande".
De General Motors à PSA, puis Stellantis
La vente à PSA : convergence renforcée
En 2017, General Motors revend Opel et Vauxhall au groupe PSA (Peugeot-Citroën). Une nouvelle ère commence. Désormais sous pavillon français, les modèles des deux marques convergent encore davantage avec les Peugeot et Citroën. Les plateformes deviennent communes, tout comme certaines motorisations.
Mais PSA décide de conserver les deux marques, du moins pour un temps. Car Vauxhall reste populaire au Royaume-Uni, notamment grâce à des modèles best-sellers comme la Corsa, l’Astra ou encore le Mokka.
La stratégie de double badge reste donc active, même si les outils de production, les pièces détachées et les technologies sont unifiés.
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Les spécificités du marché britannique
La conduite à droite : un vrai défi
L’une des raisons pour lesquelles Opel/Vauxhall conserve une certaine autonomie, c’est la spécificité du marché britannique : la conduite à droite. Adapter un véhicule au volant à droite ne se fait pas d’un claquement de doigts. Cela nécessite des modifications sur le tableau de bord, le système de direction, l’agencement des commandes…
Maintenir une ligne Vauxhall permet d’adapter les voitures directement en usine, avec une production pensée pour le Royaume-Uni. Cela évite des conversions coûteuses et garantit une meilleure ergonomie pour les conducteurs locaux.
Un marché très concurrentiel
En Grande-Bretagne, Vauxhall est en concurrence avec Ford, Kia, Hyundai, et les marques allemandes. Pendant des années, la Corsa était l’une des voitures les plus vendues du pays. Ce succès repose en partie sur l’attachement émotionnel des conducteurs à la marque Vauxhall, qui renvoie à une identité locale malgré sa nature profondément européenne.
Une identité qui s’efface ?
Vers la disparition de Vauxhall
Avec la fusion de PSA et FCA (Fiat-Chrysler) pour former Stellantis, le paysage automobile européen se concentre. Le groupe possède désormais Opel, Vauxhall, Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep, Alfa Romeo… et bien d’autres. La question se pose : combien de marques Stellantis, peut-il réellement maintenir à long terme ?
Des rumeurs évoquent régulièrement une disparition progressive de la marque Vauxhall, absorbée par Opel pour créer une cohérence continentale. Ce serait logique du point de vue économique, mais risqué d’un point de vue marketing. Car, encore aujourd’hui, Vauxhall reste un symbole pour de nombreux Britanniques.
Une fusion douce… ou une fin annoncée ?
Certains modèles vendus en Angleterre portent déjà le badge Opel dans certains canaux parallèles ou en importation grise. Les campagnes marketing se concentrent désormais plus sur les produits que sur les marques. Et l’électrification, avec des modèles comme la Corsa Electric ou le Mokka Electric — permet d’effacer peu à peu les frontières symboliques.
Mais une chose est sûre : pour toute une génération de conducteurs britanniques, Vauxhall est la voiture de papa ou maman, la première voiture d’auto-école, la voiture des forces de police… Une simple Opel, donc, mais avec une âme rouge vif.